Archive for June, 2007
Oisive jeunesse…
Rimbaud, le patron.
Suite d’une conversation avec Marc Petit.
Eloge de ce qui manque, le mot qui manque autour duquel se construit le poème.
“Si j’ai du goût, ce n’est guères
Que pour la terre et les pierres.
Dinn!Dinn! dinn! dinn! je pais l’air
Le roc, les Terres, le fer.”
in Fêtes de la faim.
ou ” fêtes de nuit sur la mer pure!”
Nous avons parlé des monostiches et je me suis souvenue de ce vers de Du Bellay, le tant aimé:”Et les muses, de moi, comme étranges, s’enfuient.”
Tout le poème a été écrit pour ce vers, si beau, si mystérieux aussi. Comm dit M.P, il faudrait arriver à écrire ce seul vers…Resserrer la poésie, sans la corseter, lui donner libre aventure vers le lecteur…
Pour Caroline, ce vers, encore de Rimbaud ( Bruxelles)
“- Calmes maisons, anciennes passions!”
2 commentsEn avançant au pas du doute, en route
En avançant au pas du doute, en route, j’arrive à Mexico.
Et, comme le temps est lourd et la montagne collée à moi, je ne vois rien.
Puis, par un effort de clair-voyance, comme qui ajusterait sa lentille pour mieux voir, j’aperçois, filant de son pas de gazelle, Cesarea, là , devant moi, à quelques mètres à peine.
Elle est habillée de ses invraisemblables dentelles et danse en marchant comme d’autres meurent en dormant.
Comme elle est mienne de toute éternité ( mais qu’elle l’ignore) je presse le pas.
Arrivé à sa hauteur, je découvre sous le chapeau qu’elle arbore comme un drapeau, le visage d’Ulis Lima.
Mais…Je ne sais que dire devant cet étonnant sourire mystificateur.
Je suis à toi, dit-il, et ouvrant les bras, il mime avec ses lèvres un baiser.
A moi? Mais qui suis-je? ai-je à peine le temps de murmurer, avant de tomber dans un trou d’égout, de tomber infiniment longtemps sans rencontrer âme qui vive, à part le Chat de Cheshire et un vieil éditeur couvert de plumes, tel un hibou.
Je meurs.
Peut-être.
Mais comme j’entends le rire d’Ulis, je crois que je vais sortir de l’autre côté de la terre et qu’il y aura Cesarea.
Je fais parfois ce rêve étrange et pénétrant…
Dites-moi, vous qui écoutez le monde et sa rumeur, dites-moi où se trouve en ce moment la poésie…
J’aurais besoin de lui dire deux mots: oiseau et charrue, et d’entendre ce qu’elle murmure parfois lorsqu’on lui pose des réponses à la place de questions.
Ni tout à la même ni tout à fait une autre…
Le lit frais qui reçoit le soir le corps fatigué
doit connaître bien des chansons
pour adoucir les peines mais il se tait.
Lumière violente des orages de juin
et silence criard des hirondelles,
qu’est devenu le monde
tandis que nous dormions?