Visages de misère, visages de joie
Je suis allée à Nîmes.
Etrange ville pour celui ou celle qui, comme moi, vient de Marseille, ville ouverte sur la mer et dont jamais les rues se referment sur vous. Nîmes est sèche et sans eau. A part les jardins de la Fontaine. C’est une ville de pierres où ne coule aucune rivière digne de ce nom.
Ici on se perd, on s’étonne, on fait demi-tour, on demande sa route.
Au bout du chemin, Grand-rue, c’est la merveille. On y voit du dessin, de la couleur et des visages. Des corps aussi. Il s’agit d’une exposition des oeuvresde Lucy Vines. Ecole des Beaux-Arts. Leur secret reste entier même après avoir parcouru les deux salles plusieurs fois. Des choses curieuses se produisent. Par exemple, une jeune femme plantée devant un dessin: son portrait, mais noir et rempli d’effroi. Elle ne se reconnaît pas. Mais elle éprouve devant ce dessin un quelque chose qui la retient de s’éloigner trop vite. Et moi, à l’écart, je les vois, ces deux visages, ensemble et séparés, si proches et si différents et je me demande comment l’artiste a pu savoir quelque chose de cette rencontre inattendue.
Femmes envolées plus loin et dansantes, corps lourds ailleurs ou encore visages et encore visages dont cetains grimacent et provoquent l’effroi. Et l’artiste, tranquille, traverse le temps en souriant en compagnie de sa famille, le poète Yves Bonnefoy et leur fille, Mathilde.
Et je m’en vais attendre Karla qui revient de Marseille et arrive à la gare. En l’attendant j’écrirai à mon tour quelques visages. En guise de remerciement à L.V.