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détective sauvage

” Qui chante là quand tout se tait?”

Archive for April, 2007

Por esta tarde/pour ce soir

Se souvenir des quatre traits
lancés dans le ciel
blanches flèches fichées dans la chair fraîche
et bleue du ciel et qui
m’ont fait sourire

Et je suis restée à les regarder arrêtée
Quatre avions
dans la rue un matin à Berlin à Marseille ici n’importe où
au volant de l’auto
et je me disais
quelle joie-Spinoza
et puis repartie revenue à la maison
un merle puis deux et trois
se sont envolés en frissonnant des buissons
où ils se réunissaient
(et j’avais un peu froid)
pour évoquer la fin de notre monde.

Et me voilà
ce soir rêvant devant les carrés noirs de vos fenêtres
rêvant aux flèches vives des avions
de cet autre matin

Je m’arrête avant la nuit:
ici.

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Paradis des célibataires/Tartare des jeunes filles

A lire aux éditions Allia, de curieux et beaux textes de Melville, un auteur dont la modernité ancienne réjouit ceux qui aiment à la fois la marche et la mer. C’est un petit livre bleu, facile  à emporter partout et qui tient bien dans la main. Littérature ancienne, qui, aux yeux de M.S, ancien futur président, n’a aucun intérêt por la formation des étudiants. En effet, à quoi pourrait bien servir la littérature? Qu’elle soit ancienne ou moderne ne changeant rien à l’affaire.

Dans les petits textes de Malville, il est question de froid, de grand froid vif, de neige bien sûr mais aussi de papier. On y trouve aussi un cheval noir et des jeunes filles pâles, très pâles. Il y a aussi des feuilles blanches et une réflexion de Melville à propos de Locke:”qui, pour démontrer en théorie, l’absence d’idées innées chez l’homme, comparait l’esprit du nouveau né à une feuille de papier blanc..”

La montagne s’appelle le mont Peinedouleur et ce nom m’a fait penser au mont Spazzavento dont parle F. Temple dans sa lettre à Curzio Malaparte, publié par Jacques Brémond. D’ici, on aperçoit à peine le mont Ventoux, mais il est là, tout près.

Ces jeunes filles en enfer sont des ouvrières et travaillent douze heures par jour, six jours sur sept à la fabrication du papier. Certaines se tiennent devan une sorte d’épée qui découpe les chiffons et Melville ému s’étonne des usages de tout ce papier fabriqué là, en enfer, dans le Tartare des vierges.

Et moi je m’étonne que la souffrance soit partout la même, et le froid et la tristesse.

Mais le printemp agite le ciel, ma poitrine est remplie d’hirondelles et la poésie contnue. Je lis Huidobro, poète chilien, et escalade avec lui le ciel et la Tour Eiffel!

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Visages de misère, visages de joie

Je suis allée à Nîmes.

Etrange ville pour celui ou celle qui, comme moi, vient de Marseille, ville ouverte sur la mer et dont jamais les rues se referment sur vous. Nîmes est sèche et sans eau. A part les jardins de la Fontaine. C’est une ville de pierres où ne coule aucune rivière digne de ce nom.

Ici on se perd, on s’étonne, on fait demi-tour, on demande sa route.

Au bout du chemin, Grand-rue, c’est la merveille. On y voit du dessin, de la couleur et des visages. Des corps aussi. Il s’agit d’une exposition des oeuvresde Lucy Vines. Ecole  des Beaux-Arts. Leur secret reste entier même après avoir parcouru les deux salles plusieurs fois. Des choses curieuses se produisent. Par exemple, une jeune femme plantée devant un dessin: son portrait, mais noir et rempli d’effroi. Elle ne se reconnaît pas. Mais elle éprouve devant ce dessin un quelque chose qui la retient de s’éloigner trop vite. Et moi, à l’écart, je les vois, ces deux visages, ensemble et séparés, si proches et si différents et je me demande comment l’artiste a pu savoir quelque chose de cette rencontre inattendue.

Femmes envolées plus loin et dansantes, corps lourds ailleurs ou encore visages et encore visages dont cetains grimacent et provoquent l’effroi. Et l’artiste, tranquille, traverse le temps en souriant en compagnie de sa famille, le poète Yves Bonnefoy et leur fille, Mathilde.

Et je m’en vais attendre Karla qui revient de Marseille et arrive à la gare. En l’attendant j’écrirai à mon tour quelques visages. En guise de remerciement à L.V.

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écriture de neige

vidrios.jpg

Karla m’a envoyé une photo prise en Bretagne et j’y ai lu un message des détectives sauvages qui partout s’efforcent de laisser derière eux quelques signes pour éclairer la route de leurs vieux compagnons restés en arrière…

Ensuite Novalis, autre détective, a évoqué :” …la grande écriture chiffrée qu’on entrevoit partout: sur les ailes, la coquille des oeufs, dans  les nuages, la neige et les cristaux…”

Il ne nous reste plus qu’à suivre la piste, armés de notre amour et de notre faiblesse… 

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le gobelet instable

sylvie_pies_al_aire.jpg

Ce jour là, elle a écrit

Le gobelet instable

Qui va boire entre tes doigts?
Vois ce gobelet
pose tes lèvres et ne renverse pas
le vin mais bois-le
et pense à moi
 qui te regarde
et compte les heures qui nous séparent
 lorsque nous regardons ensemble
 dans la vitrine d’un musée
 ce gobelet instable
où tu ne boiras jamais.

et hier, Denis Hirson a traduit en anglais :

The lopsided goblet

 Who will drink between your fingers?
 See this goblet
touch it to your lips, don’t spill
 the wine but drink
 and think of me
 watching you
 counting the hours between us
 both of us looking
at this museum showcase
 with its lopsided goblet
from which you will not drink.

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